Conférence au Game Camp 2018 de FibreTigre.

Ou comment licencier votre écrivain et son énorme melon.

Vous êtes créateur de jeux vidéo et vous avez sous traité vos textes à des écrivains mais ce serait bien qu'ils fassent moins de choses ?

Un auteur ça sert à quoi ?

Généralement il va mettre en place un environnement narratif.
Il peut également, grâce à son travail de documentation préliminaire, donner de la substance de gameplay.

Dans le jeu "80 Days" ils n'ont pas vraiment fait attention à la quantité de textes et se sont retrouvés au final avec plus de 500 000 mots. Autant dire beaucoup trop. Il faut donc se donner une limite de mot dans notre jeu car plus on va être généreux en mots plus la traduction va nous coûter cher et être dur à rentabiliser.

L'intérêt du texte

Le texte marche plutôt bien pour faire passer des sentiments. Et l'avantage c'est que si on se plante on n'a qu'à le re-ecrire. Alors qu'une image il faudra la changer entièrement.

Le texte peut également faire office d'interface de sens. Exemple dans "Ancient Domains of Mystery", en fonction de ce que l'on choisit comme caractéristiques pour notre personnage un texte généré lui créé un background.

En France on a tendance à écrire tout à l'infinitif, ce qui rend finalement très neutre les intéractions avec notre personnage.

Pourquoi pas utiliser du passé simple ? Du futur ? Du plus que parfait ?

En anglais on a un lien beaucoup plus proche avec notre personnage.

Des techniques procédurales

1. La combinatoire
   
   Une phrase simple "Bonjour l'orc" est en fait plus complexe car en fonction de si il fait jour ou nuit on remplacera "Bonjour" par "Bonsoir". Également le terme "l'orc" sera différent si vous avez choisi un personnage d'une autre classe.
   
   Ce procédé donne beaucoup de possibilités avec peu de matériaux de base. Ça donne également une impression de personnalisation au joueur.
   
   Il faut tout de même faire attention à la faiblesse scénariste qui peut en découler.
2. La technique Shéhérazade
   
   Le concept ? Avec 300 histoires vous pouvez faire 10000 histoires.
   
   Ça paraît absurde mais en fait, votre joueur, une fois qu'il a fait la 300ème histoire, si vous lui remettez la 1ère il ne se rappelera pas l'avoir déjà faite.
   
   Il faut faire attention cette fois ci à ne pas faire de contenu trop intéressant (si l'histoire était trop sympa, le joueur risque de se rappeler l'avoir déjà faite). Idem si vous faites des histoires dans des univers différents le joueur risque de se rappeler d'une histoire dans le Far West ^^.
3. Le turbo Shéhérazade
   
   En faisant des textes à trous on peut démultiplier les histoires sans grand coût. Un livre, Eureka, résume, d'après eux, l'ensemble des histoires du monde entier grâce à leurs textes à trous autour de 30 thèmes.
4. L'IA Deep Learning
   
   L'IA Deep Learning est une technologie récente et facile d'accès. C'est un robot qui va vous donnez du texte aléatoirement sur un sujet précis.
   
   C'est très sympa notamment pour les paroles de PNJ.
   
   En pratique : vous devez fournir au robot une quantité de texte sur le sujet en question. Mais plusieurs problèmes surviennent :
   
   - Il faut nourrir le robot avec plus de 3 milliards de mots (une quantité énorme donc)
   - On ne maîtrise pas le texte que générera le robot. Par exemple, en essayant de le nourrir avec du texte datant de 1950 le robot tenait des propos sexistes et racistes.
   - On ne peut pas traduire le texte généré, si on veut faire du multilingue il faudra de nouveau lui donner 3 milliards de mots dans la langue désirée.
   - Au final financer un écrivain ce n'est pas si cher ^^

On est dans une génération où l'expérience de jeu on la vit souvent sur Youtube / Steam. Pour faire un jeu qui va se vendre il faut que les joueurs qui regarde leur streamer se disent "C'est bien j'ai envie d'acheter le jeu". Si le jeu n'a que des expériences uniques, le joueur ne pourra pas revivre ce qu'a vécu son streamer et il risque d'être déçu. Le Deep learning doit donc être pris à double tranchant.

De plus, quand on joue à un jeu vidéo, on aime se dire "pourquoi cet objet a été posé là ?" car on sait qu'il a été posé par un humain. Mais avec le procédurale on a une vacuité

Y a un accès ou quand on joue à un jeu vidéo, on se dit chaque chose a été posé par un humain. Ça nous touche. Alors que dans les jeux full procéduraux on a une vacuité de l'infini.

Prenez l'amour procédural, ça a l'air révolutionnaire sur le papier. Mais au final c'est déprimant, car les mots écrits ne sont pas réellement pensé, or l'amour vient des émotions qu'on met en choisissant nos mots.

Game design multijoueur comme substitut au procédural

Prenez un MMO classique, imaginez que vous achetez un meuble, une belle commode. Que vous entreposez dans votre maison.

Maintenant on va générer à la volée une mission, dans une guilde adverse, dont le but est de voler votre fameux meuble.

Des individus viennent donc voler votre meuble.

Vous décidez de le racheter, mais cette fois-ci, vous mettez des pièges un peu partout dans la maison et vous vous cachez pour attendre le voleur.

Votre joueur vient de créer sa propre brique de gameplay.

Voici 3 règles pour créer un jeu qui utilise ces principes multijoueurs :

1. On enregistre tout ce que fait le joueur (y compris si il s'accroupit par exemple)
2. A chaque fois qu'il y a un nombre aléatoire dans notre jeu, il faut se demander comment on peut transformer cette valeur par une interaction multijoueur.
3. A chaque intervention de l'écrivain nous demandez "Est-il vraiment utile ici de raconter quelque chose ?"

Pour le speaker c'est le saint Graal de l'environnement narratif.


Attention à pas tomber dans le Crowdsourcing où le joueur créé tout et finalement les développeurs ne font plus rien.

Conclusion

On peut avec le procédural, revisiter et sublimer les classiques.
On pourrait par exemple faire des point-and-click sans solutions.
Les gens qui préfèrent regarder un streamer faire un point-and-click plutôt qu'y jouer pourront maintenant jouer à l'infini malgré tout.

Mais il faut néanmoins faire attention au full procédurale.